Ida Helene Heidel

P A R I S 

"Beau concert, hier soir, de l'Orchestre de Flûtes Français à la mairie du IIIe : oeuvres de Sophie Lacaze, d'A. Bancquart et d'A. Moenen et une réjouissante fantaisie burlesque et tonique d'Ida Heidel qui a donné à la soirée une insolence pataphysicienne. Dieu que les musiciens sont d'aimable compagnie!

Mais le diable 'bobo' du marché du Temple veillait. Au moment où nous sortions pour trinquer à la santé de la musique contemporaine, nous avons vu apparaître - derrière des mariachis recrutés au métro République - un cortège de vieillards du boulevard (tel Dominique Paturel, ancien doubleur de JR) et d'actrices botoxées. De belles filles travesties en Frida Kahlo (des mannequins baltes nous a-t-on assuré) fermaient la marche. Il s'agissait d'une soirée de promotion pour une pièce consacrée, au Dejazet, au peintre mexicaine. Gérard Leclerc, le directeur de la Chaîne Parlementaire, cautionnait, par sa présence, cette exploitation indigne, frelatée, d'un mythe fabriqué par l'industrie du prêt-à-porter et les magazines dits féminins... Je me suis dit qu'après tout ceux qui défilaient là méritaient bien d'être envoyés chez le sous-commandant Marcos, dans le Chiapas, pour payer ce crime de lèse-beauté... Pourquoi ai-je réagi ainsi ? En 1984, j'ai eu le privilège de visiter la demeure de Diego et de Frida, conduit par celui qui soignait et s'occupait de Frida. C'était bouleversant... Comment peut-on réduire cette tragédie à un banquet minable à la mairie du IIIe arrondissement ? Minables sont ceux qui se sont prêtés à cette farce sinistre. Parmi eux, il y avait Yves Boisset!"  Lucien Maillard, 15.10.13.